Marc Levy entraineur, itinéraire d’un coach globe-trotteur

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Marc Levy entraineur : De l’Olympique de Marseille à la sélection ivoirienne, en passant par la Chine et le Japon, Marc Levy a vécu mille vies sur les bancs de touche. À 63 ans, cet ancien gardien devenu entraîneur globe-trotteur revient sur un parcours aussi riche qu’atypique.

Marc Levy entraineur, itinéraire d’un coach globe-trotteur


Marc Levy n’a jamais cessé d’évoluer. Formé à Marseille, il a d’abord brillé sur les terrains avant de s’imposer dans les coulisses, en tant qu’entraîneur. Des minots de l’OM aux jeunes rêveurs de Pau, des stars africaines aux samouraïs du ballon rond, il a traversé les continents avec un seul credo : s’adapter. 

De ses débuts à Montauban, jusqu’à l’Olympique de Marseille

Marc Levy est un ancien joueur de l’Olympique de Marseille de l’époque des Minots. Après sa carrière de joueur, est devenu entraîneur en commençant par encadrer les gardiens. L’ancien portier a débuté sa carrière sur le banc d’un club amateur à Montauban.

« J’ai commencé dans un petit club, puis j’ai attrapé la passion d’entraîner. C’est un métier différent », explique l’ancien Minot.

La gestion des joueurs est la principale contrainte à laquelle doit faire face un entraîneur :

« On peut avoir les meilleurs entraînements, les meilleures tactiques, mais si on ne sait pas gérer les égos et les émotions, c’est très compliqué. Aujourd’hui, c’est d’autant plus difficile que ça ne l’était à mon époque. »

En 1995, après une saison comme entraîneur amateur, le Phocéen revient dans son club formateur, alors en difficulté financière et sportive. L’OM, rétrogradé en deuxième division après l’affaire OM-VA, occupe la 15e place du classement. Henri Stambouli, alors entraîneur, est remercié. Gérard Gili est rappelé et c’est lui qui contacte Marc Levy pour l’aider à remettre sur les rails l’équipe de l’OM.

Gérard Gili

Gérard Gili crédits : Doha Stadium Plus Qatar

« Quand le club va mal, il y a toujours des anciens pour essayer de redresser la barre », affirme l’ancien Minot.
« J’ai accepté sans trop réfléchir. L’équipe comptait alors des joueurs comme Marcel Dib, Bernard Casoni, Christophe Galtier, Hernandez, Cascarino, Ferreri… Une superbe équipe, mais en difficulté. En octobre 1995, nous avons pris le club en main alors qu’il était 15e ou 16e. Et en mai 1996, nous avons réussi à le faire remonter en Division 1, en terminant deuxièmes derrière Caen. »

marc levy entraineur des gardiens om

Photo Officielle Olympique de Marseille 1995-1996. Marc Levy est 2e en partant de la droite

Entraineur des gardiens à l’OM

Lors de ce retour à Marseille, Marc Levy occupe le poste d’entraîneur des gardiens.

Il s’est occupé des portiers olympiens pendant une décennie. Il est également l’un des rares à avoir fait remonter le club en D1 en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur :
« C’est un bonheur immense, on était comme des enfants. Refaire monter le club de sa ville, c’est exceptionnel ! », confie l’ancien gardien.

Pendant ces dix années chez les Blancs et Bleus, l’ancien joueur de Saint-Marguerite a grandement contribué à créer le centre de formation des gardiens, où il a vu passer de nombreux jeunes, notamment Carrasso ou Steve Elana. Marc était aussi en charge des gardiens professionnels :
« J’ai eu Köpke, le premier gardien quand on est remontés en D1. C’était un champion d’Europe avec l’Allemagne en 1996, un travailleur acharné », révèle Marc Levy.

Pour conclure son passage à Marseille, l’ancien portier est devenu, le temps d’un match contre le SC Bastia, le coach principal de l’OM.
« Lors de cette semaine de match, l’entraîneur s’est disputé avec le directeur technique, qui était Bernard Tapie, et il a quitté son poste. Du coup, il n’y avait plus d’entraîneur. Et tous ceux à qui l’on a proposé le poste ont refusé. Du coup, ils m’ont appelé. Moi, j’étais salarié de l’OM, alors j’ai fait mon boulot », raconte-t-il. 

Un match soldé par une défaite marseillaise, 1-0.

« Ca reste un bon souvenir, même si c’était très difficile. Il y avait une démobilisation générale. Les joueurs étaient perdus. Mais, malgré tout, on a fait notre métier et on a tenu bon. Le résultat est ce qu’il est, mais on a tenu le coup »

Pau : une nouvelle aventure

Après une décennie à Marseille, une nouvelle aventure s’est offerte à l’ancien joueur palois, retourné dans le Béarn, cette fois en tant qu’entraîneur principal. Après la ferveur et la pression phocéenne, l’ambiance était très différente, confie l’intéressé :
« C’est à des années-lumière de l’OM. Il n’y a que des jeunes sortis du centre de formation, pleins de rêves, croyant qu’ils vont tous jouer au Real Madrid. Mais il faut leur faire comprendre qu’ils sont à Pau et qu’ils ne joueront probablement pas au Real tout de suite… »

Alors en National, le club était en difficulté. Après une première saison difficile, Marc Levy a connu une deuxième année plus simple, avec un attaquant bien connu du public français :
« Lors de la deuxième saison, j’ai eu Gignac. Il a fait une saison extraordinaire. C’est un mec fabuleux, génial sur le terrain mais aussi dans la gestion humaine », salue l’ancien coach.

a p Gignac pau

A-P Gignac Crédits : Football Kit Archive

Passer entraîneur principal a été une nouvelle étape dans sa carrière, mais aussi une évolution avec une grosse pression :
« Quand vous êtes numéro 1, il y a une pression énorme, tout repose sur vous. C’est à vous de vous faire comprendre. C’est une grosse responsabilité. Mais il faut accepter cela, c’est ça le métier : la gestion des gens. »

La Côte d’Ivoire : le défi africain

Après deux saisons à Pau, l’ancien portier est devenu l’adjoint d’un autre Marseillais, Gérard Gili, pour la sélection ivoirienne lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2006 :
« Gérard a été recruté comme sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Il m’a appelé parce qu’il avait besoin d’un adjoint. L’avantage, c’est qu’on se connaît bien. Le lendemain, j’ai pris mon avion pour faire la CAN au Ghana. On perd en demi-finale contre l’Égypte, mais on avait une superbe équipe : Yaya Touré, Kolo Touré, Didier Drogba… une équipe de folie », se souvient l’ancien Olympien.

L’aventure avec les Éléphants s’est poursuivie. Gili et Levy ont été chargés de qualifier la Côte d’Ivoire pour les Jeux olympiques, une première dans l’histoire du pays :
« On a commencé à chercher les jeunes pour former l’équipe olympique. La plupart jouaient en Belgique. On s’est qualifiés pour les JO de Pékin et on a atteint les quarts de finale. Une expérience exceptionnelle », ajoute Marc.

Direction le Qatar

Après cette parenthèse africaine, l’ancien Marseillais a poursuivi sa carrière d’entraîneur à l’étranger : d’abord au Qatar, puis en Chine, avant de finir au Japon.

L’adaptation a été le maître mot de ces expériences, confie-t-il :
« Vous devez vous adapter rapidement. Au Qatar, on a atteint la demi-finale de la Ligue des champions asiatique. Un bel exploit pour un petit club. Là-bas, il faut s’organiser autrement et s’adapter aux coutumes locales. Il faut s’ajuster à leur culture. »

Direction l’Asie

Après le Qatar, direction la Chine. Il devient entraîneur des gardiens au Shanghai Shenhua, aux côtés de Jean Tigana. Malgré cette expérience, l’étape est brève et laisse un goût d’inachevé dans un championnat chinois en plein essor.

L’ancien gardien a ensuite rejoint le Japon, où l’expérience s’est révélée bien plus enrichissante :
« Le Japon, c’est extraordinaire. J’y serais bien resté dix ans de plus. Là-bas, tout est carré. Les joueurs arrivent tôt, ils sont disciplinés. Le public aussi : que ce soit à domicile ou à l’extérieur, vous êtes toujours applaudis. Ils respectent ce que vous faites. »

Le pays du Soleil-Levant est connu pour son respect et son éthique de travail. Le football n’échappe pas à cette règle, confie-t-il :
« Les joueurs arrivent tôt. Quand l’entraînement commence à 10 h, ils sont là dès 8 h. Ils vont à la muscu avant, puis ils s’entraînent. Ensuite, ils continuent sur les tirs, les passes longues… Chacun travaille de son côté. »

Du Vélodrome aux pelouses asiatiques, Marc Levy a parcouru le monde sans jamais renier ses valeurs. Travailleur discret, formateur passionné, il a toujours mis son expertise au service des autres, dans l’ombre des grands noms du football. Son parcours est celui d’un homme curieux, ouvert, toujours prêt à relever de nouveaux défis, peu importe la latitude. À 63 ans et demi, comme il le précise, l’ancien Minot peut regarder dans le rétro avec fierté : il a marqué le football là où peu de projecteurs brillent dans les vestiaires, sur les terrains d’entraînement, au cœur de l’humain.

Et si l’aventure devait se poursuivre demain, nul doute qu’il répondrait encore présent, avec la même humilité et la même passion.

Raphaël Biancotto

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