Derrière les plus grandes légendes du Barça, une école unique au monde. Plus qu’un centre : une culture.

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Ils couraient dans les couloirs d’un vieux mas catalan et jonglaient dans la cour, ballon collé aux pieds. Ils rêvaient de Camp Nou, mais surtout de style, d’élégance, de passes millimétrées. Eux, ce sont les enfants de la Masia de Barcelone. Une académie devenue mythe.
Le jour où tout a basculé
11 juillet 2010. Johannesburg. Finale de la Coupe du monde. L’Espagne aligne sept joueurs du Barça. Six formés à la Masia de Barcelone. Iniesta inscrit le but du titre. Xavi dicte le tempo. Piqué et Puyol verrouillent. Pedro multiplie les appels. Busquets ratisse. En joker : Cesc Fàbregas, pur produit maison. Ce jour-là, le monde comprend que l’école catalane n’est pas une fabrique. C’est une vision.

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Une maison, un monde
Avant d’être un modèle, la Masia de Barcelone fut une maison. Un mas traditionnel du XVIIIe siècle, situé à quelques mètres du Camp Nou. De 1966 à 1979, c’est là que battait le cœur administratif du club. Jusqu’à ce que Josep Lluís Núñez transforme ce lieu en centre de formation. En 2011, les pensionnaires déménagent vers la cité Joan Gamper. Un complexe ultra-moderne. Mais l’âme reste la même. Celle d’un club qui préfère former que consommer.
Ballons d’or, un podium 100 % Masia
Décembre 2010. La FIFA dévoile le trio final du Ballon d’or. Messi, Iniesta, Xavi. Trois enfants de la Masia de Barcelone. Aucun autre centre au monde n’a fait mieux. Ce n’est pas un hasard. C’est une méthode. Technique avant physique. Intelligence avant puissance. Jeu collectif avant exploits individuels. Chaque geste appris là-bas raconte une philosophie.
Le match parfait : onze sur onze formés au club
Novembre 2012. Levante-Barça. Tito Vilanova fait tomber un record. Pour la première fois en Europe, un club aligne onze joueurs issus de son centre de formation. Valdés, Piqué, Alba, Xavi, Iniesta, Messi… Tous passés par la Masia de Barcelone. Ce soir-là, ils marquent quatre fois. Et gravent une idée dans le marbre du football.
Les années Guardiola, ou l’âge d’or du centre
Pep Guardiola est plus qu’un coach. C’est un passeur. Formé à la Masia, il sait ce qu’elle exige. De 2008 à 2012, il injecte l’ADN maison dans l’équipe première. Il fait éclore Muniesa, Bojan, Deulofeu. Il mise sur les jeunes. Et ça fonctionne. Barcelone domine l’Europe. Pas seulement grâce aux stars. Mais grâce à une alchimie. Celle née dans une académie où chaque joueur parle la même langue tactique.
Le virage galactique, la rupture
Puis vint le bling-bling. Neymar, Suárez, Dembélé, Coutinho… Des transferts clinquants, des millions jetés sur la table. Et la Masia de Barcelone reléguée au second plan. Moins de jeunes lancés. Des talents qui partent chercher leur chance ailleurs : Onana, Traoré, Grimaldo… La filière s’essouffle. Le Barça oublie son essence.
Crise financière, retour aux sources
Mais le football, comme la vie, est cyclique. En 2020, Barcelone croule sous les dettes. Impossible de continuer à acheter des stars. Le club se tourne vers ce qu’il a de plus précieux : sa jeunesse. Riqui Puig montre la voie. Ansu Fati éclabousse les pelouses. Gavi, Balde, Nico González émergent. En 2021, Xavi revient sur le banc. Et avec lui, la foi en la Masia de Barcelone renaît.
La génération 2024 : le vent frais de la Cantera
Fermín López, Pau Cubarsí, Lamine Yamal. Des noms que les supporters apprennent à chanter. Ces gamins, élevés au pressing haut et aux passes tranchantes, réintègrent l’équipe type. Leur présence n’est pas un hasard. Elle est une nécessité. Quand le club ne peut plus acheter, il revient à ses racines. Et découvre qu’elles sont toujours fertiles.
Une philosophie qui dépasse le terrain
À la Masia de Barcelone, on apprend à jouer. Mais aussi à se comporter. L’humilité, la patience, la culture de l’effort. Être bon, c’est bien. Être utile au collectif, c’est mieux. Les formateurs, les éducateurs, les mentors : tous transmettent bien plus qu’un système de jeu. Ils transmettent une façon d’être footballeur.
Messi, Xavi, Iniesta : le trident éternel
Messi incarne l’excellence de la Masia. Arrivé à 13 ans, Ballon d’or dès 2009, quadruple lauréat en 2012. Xavi, le maestro. Iniesta, l’artiste. Ensemble, ils ont dominé le monde. Tous les trois formés entre les murs de cette école différente. Leur héritage est un phare pour les nouvelles générations.
La Masia de Barcelone : futur ou passé ?
Aujourd’hui, le club est à un carrefour. Doit-il refaire de la Masia de Barcelone son cœur de projet ? Ou céder à nouveau aux sirènes du mercato ? Les supporters, eux, ont choisi. Ils veulent voir les enfants du club triompher. Car à Barcelone, plus qu’ailleurs, on croit que le football n’est pas qu’un jeu. C’est un langage. Et ce langage, on l’apprend là-bas, à la Masia.
Et si demain, l’équipe d’Espagne redevenait 100 % Masia ?
Voir aussi notre article sur : Centre de formation de football : la fabrique des talents