Sous le régime fasciste, le football devient un instrument politique. Mussolini utilise le foot pour asseoir son pouvoir et glorifier l’Italie. L’équipe nationale est remodelée, les résultats sont contrôlés et la propagande omniprésente. Loin d’être un simple jeu, le football devient une vitrine idéologique sous l’ère fasciste.

Juventus Coupe d’Italie 1937 avec Benito Mussolini
Dans l’Italie de Mussolini, le football ne se limite pas au terrain. Il devient un outil au service du régime, un moyen de renforcer l’image du pouvoir en Italie et à l’étranger. À travers la sélection nationale et les clubs, le Duce impose sa vision et transforme ce sport en une arme de propagande. Les succès internationaux ne doivent rien au hasard, mais tout à une volonté politique affirmée. Comment Mussolini a-t-il utilisé le football pour asseoir son influence ?
La mainmise du régime sur le football italien
Dès son arrivée au pouvoir en 1922, Mussolini comprend l’importance du football pour capter l’attention du peuple. Il restructure le championnat, impose un contrôle strict sur la sélection nationale et favorise les clubs liés au régime. Le fascisme s’infiltre dans tous les aspects du foot italien.
Le Calcio devient un outil politique. En 1926, la Fédération italienne se réorganise sous la tutelle du Parti national fasciste. Les clubs incitent à adopter des noms aux consonances italiennes et les joueurs doivent afficher leur loyauté au régime. La Serie A se renforce pour en faire un championnat de référence en Europe.
Les équipes adoptent une discipline militaire. Les discours nationalistes précèdent les matchs, les joueurs sont considérés comme des soldats du sport. L’objectif est clair : prouver la supériorité italienne sur le terrain et dans les esprits.
La Coupe du monde 1934 : un triomphe sous influence
L’événement majeur de la propagande footballistique de Mussolini reste la Coupe du monde 1934. Organisée en Italie, elle doit démontrer la grandeur du régime. Le tournoi est scrupuleusement contrôlé par les autorités.
Des pressions sont exercées sur les arbitres et les adversaires. L’équipe d’Italie, entraînée par Vittorio Pozzo, reçoit un soutien sans faille du pouvoir. Mussolini exige la victoire et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Lors des matchs clés, des décisions arbitrales douteuses avantagent l’Italie.
Le parcours de la Squadra Azzurra jalonné de polémiques. En quart de finale contre l’Espagne, un match d’une violence extrême voit plusieurs joueurs espagnols blessés. L’Italie gagne après un replay controversé. En finale, la victoire contre la Tchécoslovaquie (2-1) devient un triomphe du fascisme.
Le trophée devient un symbole politique. Mussolini l’exploite pour renforcer son pouvoir, faisant de cette victoire une preuve de la suprématie italienne.
Le football, instrument de propagande internationale
Au-delà des compétitions, Mussolini utilise le foot pour exporter son idéologie. L’équipe nationale devient une vitrine du régime à l’étranger. Les joueurs doivent chanter l’hymne fasciste et effectuer le salut romain avant chaque match.
Le régime finance également des tournées internationales pour les clubs italiens. La Lazio et la Juventus voyagent en Europe pour démontrer la puissance du Calcio. Ces rencontres sont autant d’occasions de diffuser l’image d’une Italie forte et disciplinée.
En Amérique du Sud, des joueurs argentins et uruguayens sont naturalisés pour renforcer la Squadra Azzurra. Cette politique d’ »Oriundi » permet à l’Italie de dominer la scène mondiale tout en affirmant son expansion culturelle.
L’héritage controversé du football fasciste
Le football italien a su se détacher de l’idéologie fasciste, mais certains héritages persistent. Des groupes de supporters affichent encore des symboles de cette époque, notamment dans certaines franges ultra.
L’histoire du « Mussolini et le foot » rappelle comment un régime peut instrumentaliser un sport pour asseoir son pouvoir. Aujourd’hui, cette période soulève encore des débats sur l’éthique et l’impact politique du football. Peut-on vraiment dissocier le sport du contexte politique dans lequel il évolue ?
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