Victime d’un vaste système de détournements, l’ancien joueur de Ligue 1 Yohan Mollo a vécu un enfer.
Yohan Mollo. Ce nom résonne dans la mémoire des passionnés de football. Il est passé par l’ AS Nancy-Lorraine, Saint-Etienne, le Zénith Saint-Pétersbourg, le Panathinaïkos. Ailier natif de Martigues et formé à l’AS Monaco, il a connu les joies des stades pleins et des titres. Mais dans l’ombre de sa brillante carrière, un cauchemar. Une incroyable arnaque lui a coûté des millions… et bien plus encore.
Quand la confiance devient une prison
C’est au début de sa carrière que tout bascule. Il fait la connaissance de Franck Bichon, alors agent. Yohan Mollo est jeune, talentueux, et ne se doute pas qu’il ouvre la porte à un piège. « Petit à petit, ils ont pris le contrôle. » Il lui fait confiance. Trop. Cet homme se rapproche de sa famille, coupe les ponts avec son père, devient un de ses référents. « J’étais happé. Je pensais qu’il gérait mon argent dans mon intérêt. »
Une illusion entretenue avec précision
Les signaux d’alerte sont flous au début. Mollo vit simplement, n’a jamais mené la vie d’une star capricieuse. « Je ne dépensais pas comme un fou. » Pourtant, les comptes ne suivent pas. Impossible de retirer de l’argent, des blocages étranges, des explications floues. On lui parle de différés bancaires, de placements, d’assurance vie. Il y croit. Chaque fin d’année, il attend des relevés fantômes. En réalité, tout son argent est siphonné. Salaires, primes, prêts à la consommation, tout disparaît.
Un réseau organisé derrière l’arnaque
L’enfer ne s’arrête pas à cet individu. En fouillant, Yohan Mollo découvre l’ampleur du système. « Il y avait des notaires, des banquiers, un expert-comptable. » Jusqu’à 17 personnes impliquées. Ensemble, ils établissent un montage parfait. Ils créent de faux comptes bancaires, utilisent de fausses adresses, fabriquent des signatures, obtiennent des crédits à son nom. Il n’a plus la main sur rien. Et surtout, il est seul. « Quand j’ai commencé à comprendre, j’étais déjà dans le gouffre. »
L’impact psychologique d’un vol invisible
« Je ne suis pas quelqu’un qui pleure. » Pourtant, la douleur est là. Ce n’est pas seulement une question d’argent. C’est une trahison, une humiliation. Ces hommes ont brisé sa vie, manipulé ses proches, profité de son absence de connaissances financières. « Ils ont détruit ma famille. » Son objectif avait toujours été simple : sortir ses parents du HLM, leur offrir une vie meilleure. Au lieu de ça, il doit affronter leur regard, leur annoncer l’inimaginable.
La solitude et la honte
Interdit bancaire, endetté, ruiné, Yohan Mollo doit tout reconstruire. Beaucoup lui tournent le dos. D’anciens proches, disparus. Mais quelques fidèles restent. « Julien Janvier, Lamine Ghezali, ils m’ont tendu la main. » Ce soutien l’aide à tenir. Lui, l’homme fier, continue de sourire en public. Il refuse de sombrer. Il n’a jamais voulu de pitié. « Je me lève pour me battre, parce que si je tombe, ma famille tombe aussi. »
La justice enfin rendue
Le 6 décembre dernier, après des années de procédures, l’un de ses bourreaux a été condamné. Franck Bichon, l’agent à qui Yohan Mollo avait confié tous ses intérêts sans contrat écrit, a écopé de cinq ans de prison dont deux ferme. Il lui est désormais interdit d’exercer comme agent ou gestionnaire de patrimoine. Entre 2011 et 2019, ce dernier aurait causé plus de 4 millions d’euros de pertes à l’ancien international espoirs, notamment en vendant à perte six biens immobiliers acquis pour sa retraite. Le tribunal a également ordonné une provision de 1,4 million d’euros et 10 000 euros pour préjudice moral. Patrick Blondeau, également impliqué, a été relaxé. Une décision qui, sans réparer le passé, marque une étape dans la reconstruction du joueur.
Une carrière riche et des choix de cœur
Yohan Mollo, 35 ans, a terminé sa carrière professionnelle. Il a ouvert sa propre académie aux Pennes Mirabeau dans les Bouches du Rhône, en collaboration avec la JSPM. Le football reste sa passion, son mode de vie.
Informations tirées de l’interview de OLINTERVIEW
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