Qui paie le salaire d’un joueur blessé au football

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Lorsqu’un joueur blessé doit quitter les terrains, la question de sa rémunération se pose. Entre les clubs, la Sécurité sociale et les assurances, qui prend réellement en charge son salaire ?

Qui paie le salaire d'un joueur blessé au football

Crédits : MBIELE HAPPI RAPHAEL

Un footballeur professionnel est avant tout un salarié. À ce titre, il bénéficie de protections spécifiques en cas d’arrêt pour blessure. Cependant, les mécanismes de prise en charge varient selon la durée de l’absence et le type de contrat du joueur. Décryptage d’un sujet crucial dans l’économie du football.

Le rôle du club pendant les trois premiers mois

En France, la Charte du football professionnel impose aux clubs de maintenir l’intégralité du salaire du joueur blessé durant les trois premiers mois. Cela signifie que, peu importe la nature de sa blessure, un joueur continue de percevoir son revenu habituel sur cette période.

L’employeur doit garantir le maintien du salaire net du footballeur, en complément des indemnités versées par la Sécurité sociale. Cette obligation vise à éviter une perte de revenus brutale pour les joueurs.

La Sécurité sociale verse en effet des indemnités journalières, mais celles-ci sont plafonnées. En cas d’accident du travail, elles s’élèvent à :

  • 60 % du gain journalier de base pendant les 28 premiers jours (plafonné à environ 198 € par jour).
  • 80 % à partir du 29ᵉ jour (plafonné à environ 265 € par jour).

Ces montants sont largement insuffisants pour un joueur de haut niveau, dont le salaire peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros par mois. C’est pourquoi le club assure le complément pour que le joueur blessé perçoive l’intégralité de son salaire net.

Au-delà de trois mois : Sécurité sociale et assurances

Si la blessure dure plus de trois mois, la prise en charge évolue. Le joueur entre alors dans le cadre du régime général des arrêts maladie ou accidents du travail. La Sécurité sociale continue de verser des indemnités journalières, mais elles ne couvrent qu’une partie du salaire.

Pour pallier cette perte, les clubs peuvent souscrire des assurances spécifiques. Ces assurances permettent de verser des indemnités supplémentaires aux joueurs afin de compenser jusqu’à 50 % du salaire brut initial. Les montants peuvent aller jusqu’à 10 000 ou 12 000 € par jour pour les joueurs les mieux payés.

Toutefois, certains clubs négocient avec leurs joueurs des garanties supplémentaires, voire des clauses spécifiques leur assurant le maintien intégral de leur salaire même après trois mois d’absence.


Extrait de la charte des joueurs professionnels


La fin de carrière anticipée : quelles compensations ?

Si un joueur ne peut plus reprendre sa carrière, la situation devient plus complexe. On parle alors de perte de licence, c’est-à-dire d’inaptitude professionnelle à la pratique du football.

Dans ce cas, plusieurs dispositifs peuvent être activés :

  • Indemnité de licenciement : Depuis 2011, un club peut rompre un contrat de joueur pour inaptitude physique. Il doit alors verser une indemnité correspondant au double du minimum légal, soit environ 0,8 mois de salaire par année d’ancienneté.
  • Capital d’assurance : La plupart des joueurs souscrivent une assurance qui leur garantit un capital en cas d’arrêt prématuré de leur carrière. Ce montant est souvent calculé en fonction du nombre d’années de salaire perdues.

Les indemnisations varient selon l’âge et le poste du joueur. Un jeune attaquant de 20 ans, avec une carrière encore longue devant lui, n’aura pas les mêmes compensations qu’un défenseur expérimenté de 33 ans.

Quand la responsabilité d’un tiers est engagée

Un joueur blessé à la suite d’un tacle dangereux peut engager la responsabilité de son adversaire.

En cas de blessure liée à une faute d’un adversaire, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie peut se retourner contre le joueur responsable ou son club afin d’obtenir le remboursement des sommes versées.

Un système qui protège mais qui a ses limites

Les footballeurs professionnels bénéficient d’une couverture solide en cas de blessure, notamment grâce aux obligations des clubs et aux assurances complémentaires. Toutefois, ces dispositifs ont leurs limites. Si un joueur voit sa carrière brisée, les compensations financières ne suffisent pas toujours à couvrir l’ensemble des pertes.

L’évolution du football pousse les clubs et les instances à repenser ces mécanismes. À l’avenir, pourrait-on voir apparaître un fonds commun d’indemnisation pour les joueurs blessés longue durée ?

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