Guerre des Droits TV en Ligue 1 : La Réunion Explosive de juillet

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L’enregistrement d’une réunion entre les présidents de clubs de L1 révèle les tensions extrêmes autour des droits TV de la Ligue 1. Le bras de fer entre Nasser al-Khelaïfi, John Textor et les autres présidents éclate au grand jour.

Guerre des Droits TV en Ligue 1 : La Réunion Explosive qui Fait Vaciller le Football Français

Le football français traverse une crise majeure. La Ligue de Football Professionnel (LFP) est embourbée dans un conflit avec DAZN, son principal diffuseur, tandis que la gestion des droits TV suscite une indignation grandissante. Une réunion tenue en juillet 2024, dont l’enregistrement a fuité, met en lumière des tensions explosives entre les dirigeants du championnat. Nasser al-Khelaïfi, patron du PSG et de BeIN Media Group, se retrouve au cœur d’accusations de conflits d’intérêts.

Une Réunion Sous Haute Tension

Le 14 juillet 2024, une réunion cruciale s’est tenue entre la LFP et les présidents de clubs de Ligue 1. L’objectif : trancher l’attribution des droits TV du championnat. Face à DAZN, le choix principal de la Ligue, BeIN Sports, dirigé par Nasser al-Khelaïfi, a fait une offre tardive de 100 millions d’euros pour un seul match par semaine.

Dès les premières minutes, la tension est palpable. John Textor, propriétaire de l’Olympique Lyonnais, accuse al-Khelaïfi de monopoliser les décisions. « Nasser, tu tyrannises tout le monde ! », s’emporte-t-il. Joseph Oughourlian, patron du RC Lens, appuie cette critique en dénonçant un conflit d’intérêts évident. Mais al-Khelaïfi ne se démonte pas : « Tu es bon dans ton business, mais tu ne comprends rien aux médias ».

Le climat devient délétère. Textor, visiblement exaspéré, continue d’accuser le président du PSG d’imposer ses choix à toute la Ligue. La réponse fuse, cinglante : « Arrête de parler, tu ne comprends rien. Tu es un cow-boy qui vient de nulle part et tu viens nous parler ! »

Un Marché Déjà Fragilisé

Le choix d’attribuer les droits TV à DAZN et BeIN Sports a été validé ce jour-là, mais les problèmes n’ont fait que commencer. DAZN, en difficulté pour séduire les abonnés, a rapidement cessé de payer ses mensualités à la LFP. Résultat : un manque à gagner colossal pour les clubs de Ligue 1, déjà fragilisés financièrement.

La fuite de l’enregistrement de la réunion du 14 juillet n’a fait qu’exacerber les tensions. Certains présidents, comme Jean-Pierre Caillot du Stade de Reims, regrettent que ce document ait été rendu public. « Ce déballage donne une image désastreuse du football français », déplore-t-il. Mais d’autres, comme Textor, voient dans cette divulgation une opportunité de changer la gouvernance de la LFP.

Textor Contre-Attaque : Une Gouvernance à Réformer

John Textor, connu pour son franc-parler, ne compte pas en rester là. Dans une interview accordée à L’Équipe, il critique violemment le fonctionnement actuel de la Ligue 1. « J’ai siégé à de nombreux conseils d’administration, mais je n’ai jamais vu un tel déséquilibre de pouvoir », martèle-t-il.

Selon lui, la LFP est dirigée par un petit groupe influent qui verrouille les décisions. Il appelle à une réforme radicale où chaque club aurait un siège au conseil d’administration. « C’est ainsi que fonctionne la Premier League, et il n’y a aucune honte à suivre un bon exemple », insiste-t-il.

Vincent Labrune, président de la LFP, est également dans son viseur. Textor lui reproche un manque de leadership, affirmant qu’il s’est montré incapable de tenir tête à al-Khelaïfi. « Il lui manquait le courage et la force de résister », assène-t-il.

Un Conflit Qui Dépasse la Ligue 1

Cette crise des droits TV n’est pas seulement un problème financier. Elle illustre les luttes d’influence au sommet du football français. Nasser al-Khelaïfi, déjà puissant en tant que président du PSG et de BeIN Media Group, est également à la tête de l’Association européenne des clubs (ECA). Une position qui lui confère un poids considérable dans les décisions stratégiques du football européen.

Pour ses détracteurs, cette omniprésence est une menace pour l’équité du championnat. Ils l’accusent d’utiliser son influence pour avantager ses propres intérêts, au détriment de la compétitivité de la Ligue 1. « NAK est le banquier qui détient la monnaie des nominations politiques », accuse Textor.

L’entourage d’al-Khelaïfi dément fermement ces accusations. Selon eux, BeIN Sports a simplement répondu à l’appel de la LFP, qui cherchait désespérément des diffuseurs après l’échec de l’appel d’offres initial. « Il n’a jamais poussé pour obtenir ces droits », assurent-ils.

Alors que la crise des droits TV n’a pas encore trouvé d’issue, une question brûle les lèvres : la LFP va-t-elle enfin engager les réformes nécessaires pour garantir un avenir stable au championnat ?

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