Le football et la politique sont souvent perçus comme deux mondes distincts. Pourtant, ils ont tissé des liens forts depuis des décennies. Le ballon rond a souvent servi d’instrument politique. Un terrain sur lequel se sont jouées des batailles symboliques, diplomatiques et idéologiques.
Le football comme outil de propagande
Depuis le XXe siècle, de nombreux dirigeants ont utilisé le football pour asseoir leur pouvoir. Dans les années 1930, le régime fasciste de Mussolini en Italie a exploité le succès de l’équipe nationale pour renforcer le prestige du régime. En 1934, l’Italie accueille la Coupe du Monde et remporte la compétition, offrant à Mussolini un outil de propagande puissant.
De manière similaire, l’Espagne de Franco s’est appuyée sur le football pour véhiculer une image d’unité nationale. Le Real Madrid, symbole du régime franquiste, est devenu un outil de soft power. Les victoires du club dans les compétitions européennes ont contribué à renforcer la position politique de Franco en Espagne et à l’international.
Le football face aux régimes totalitaires
Le football a souvent résisté aux régimes totalitaires. En 1978, la Coupe du Monde en Argentine s’est déroulée sous une dictature militaire. Le régime cherchait à se servir du tournoi pour améliorer son image à l’international. Mais des voix se sont élevées pour dénoncer l’oppression du peuple argentin. Des joueurs, des journalistes et des militants ont utilisé cette plateforme pour dénoncer les atrocités commises par le régime.
En 2018, le football sous Vladimir Poutine a été critiqué pour son instrumentalisation lors de la Coupe du Monde. Bien que le tournoi ait été un succès sportif, des critiques ont vu dans cet événement une tentative de redorer l’image du gouvernement russe, accusé de violations des droits humains.
La diplomatie par le football
Le football utilisé pour construire des ponts entre les nations. Le célèbre « match de la paix » entre le Real Madrid et une équipe israélo-palestinienne en 2002 visait à promouvoir un message de coexistence pacifique au Proche-Orient. Cet exemple illustre la manière dont le football peut devenir un vecteur de réconciliation et de dialogue.
Parfois, le football peut même contribuer à apaiser des tensions entre nations. En 2005, la Côte d’Ivoire et du Cameroun ont disputé un match pour la qualification à la Coupe du Monde. Après la victoire ivoirienne, Didier Drogba, a appelé à la paix dans un pays déchiré par la guerre civile. Ce geste a contribué à ouvrir un dialogue national en faveur de la réconciliation.
Football et géopolitique moderne
Le football s’est imposé comme un acteur majeur dans la géopolitique contemporaine. Aujourd’hui, les grandes compétitions sont souvent organisées par des pays en quête de prestige international. L’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar a suscité de nombreuses controverses. Le Qatar utilise cet événement comme une stratégie pour accroître son soft power dans le monde.
De plus, des clubs comme Manchester City ou le Paris Saint-Germain, financés par des fonds souverains du Golfe, sont devenus des instruments politiques dans les relations internationales. Leurs propriétaires cherchent à utiliser la notoriété de ces clubs pour renforcer leur image globale. Ils veulent influencer des décisions politiques au-delà du terrain.
Le football, symbole de contestation
Le football est aussi un espace de contestation. Lors de l’Euro 2020, des équipes comme l’Allemagne et la Hongrie ont été au centre de débats politiques autour des droits LGBTQ+. En réponse à des lois jugées discriminatoires en Hongrie, certains joueurs ont exprimé leur soutien à la communauté LGBTQ+ en portant des brassards arc-en-ciel ou en s’agenouillant avant les matchs.
Au Brésil, le football a été un terrain de contestation contre le gouvernement de Jair Bolsonaro. En 2021, des joueurs et des entraîneurs se sont opposés à la tenue de la Copa América dans un pays fortement touché par la pandémie de COVID-19, dénonçant la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement.
Bilan
Le lien entre football et politique est indissociable. Que ce soit pour asseoir le pouvoir, résister à l’oppression, ou promouvoir des messages de paix et de justice, le football est devenu un outil incontournable sur l’échiquier politique mondial. Aujourd’hui plus que jamais, le football continue d’influencer et d’être influencé par la politique, témoignant de l’interdépendance de ces deux mondes.
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